Depuis la création de la Société de recherche sur le cancer (SRC), ce sont des milliers de chercheurs qui ont obtenu une subvention ou une bourse pour un projet de recherche sur le cancer.
Pour ces chercheurs, l’impact de ces fonds est immense et les répercussions s’avèrent positives pour de nombreuses années, à la fois en raison des percées réalisées au fil du temps, mais aussi par les carrières qui en sont propulsées.
Nous sommes très fiers, à la Société, de soutenir ces chercheurs qui consacrent leur quotidien à la recherche sur le cancer. Nous souhaitons d’ailleurs vous présenter quelques-uns des récipiendaires de notre concours 2022.
Les thérapies contre le cancer sont souvent dures pour l’organisme : la quête du professeur Krishnan pour limiter les effets indésirables
Les médicaments anticancéreux causent parfois de graves effets indésirables, ce qui peut limiter leur utilisation chez certains patients. Le cisplatine est un agent chimiothérapeutique largement utilisé pour traiter les types de cancer du sein les plus sévères (par exemple le cancer du sein triple négatif), mais il provoque également une « neuropathie périphérique », un effet secondaire majeur entraînant des douleurs intenses, des engourdissements, un manque d’orientation spatiale et des troubles du mouvement chez le patient.
Anand Krishnan, PhD, professeur adjoint ayant débuté sa carrière indépendante à University of Saskatchewan en 2019, a récemment obtenu une subvention de fonctionnement de la Société de recherche sur le cancer. Dans le cadre de son projet, il propose de tester 10 molécules comme nouveaux médicaments prometteurs pour mieux gérer la neuropathie périphérique chez les patients touchés par le cancer du sein tout en utilisant le cisplatine comme agent chimiothérapeutique.
« Ma formation de base en pharmacie m’a incité à poursuivre une carrière dans la recherche sur le cancer dans l’espoir de développer des thérapies efficaces pour les formes avancées de cancer et les effets indésirables débilitants des agents chimiothérapeutiques puissants. »
« Les mesures de diagnostic précoce et les thérapies ciblées actuellement disponibles réduisent considérablement le taux de mortalité des patients atteints de cancer et préservent leur qualité de vie. Ces améliorations dans le traitement du cancer sont sans aucun doute le résultat d’une recherche active dans ce domaine, qui serait impossible sans le soutien généreux des donateurs. »
Un test sanguin pour détecter le cancer du sein : un rêve qui va devenir réalité ?
Le cancer du sein demeure le cancer le plus diagnostiqué chez les femmes au Canada. Actuellement, il est détecté principalement par la mammographie, mais cette technique a ses inconvénients : elle n’est pas très précise et risque de ne pas déceler certaines cellules cancéreuses chez les femmes atteintes de la maladie ou de donner un résultat positif à une patiente qui est en fait négative. Il est donc nécessaire de développer des méthodes de détection novatrices et améliorées.
Les travaux de Karla Williams, PhD, professeure adjointe à University of British Columbia, portent sur la mise au point d’une méthode de détection basée sur un simple test sanguin qui permettrait de détecter avec précision le cancer du sein à un stade précoce, offrant ainsi une plus grande probabilité de guérison à la patiente.
La professeure et son équipe ont observé et décrit le contenu en protéines de certaines petites particules (appelées « vésicules extracellulaires » ou VE) que l’on retrouve dans le sang des patientes atteintes d’un cancer du sein et des personnes en bonne santé. En étudiant les VE, ils ont compris que leur contenu protéique varie et que, dans le cas des femmes atteintes d’un cancer, il génère une « signature » spécifique. Grâce à la subvention de fonctionnement récemment accordée par la SRC, les chercheurs pourront déterminer la meilleure façon de détecter cette signature et espèrent mettre au point un test sanguin diagnostique spécifique.
« Sans cette subvention, nous ne serions pas en mesure de réaliser les études critiques de découverte de biomarqueurs nécessaires au développement de notre test de dépistage non invasif. Le succès de notre recherche soutiendra les futures études de validation avec des applications potentielles d’essais cliniques. »
S’attaquer aux processus moléculaires défaillants : l’approche du professeur Ryan dans le traitement du cancer
Ryan Hili , PhD est professeur associé à York University (Ontario) et ses recherches portent sur l’« épitranscriptomique », c’est-à-dire l’étude des modifications de l’ARN et de leur rôle dans la régulation de divers processus cellulaires. « Les modifications de l’ARN sont régulées par des enzymes « écrivains » et « effaceurs »; cependant, ce processus est souvent dérégulé dans le cancer et un nombre croissant de données suggère que le fait de s’attaquer à cette dérégulation constituera une approche prometteuse pour le traitement de plusieurs types de cancer », a-t-il déclaré.
Grâce à la subvention de fonctionnement récemment obtenue de la SRC, le professeur Hili, avec Hansen He, PhD (Centre de cancérologie Princess-Margaret) et leurs équipes pourront poursuivre leurs travaux sur le développement de nouvelles molécules (ou prototypes de médicaments) qui ciblent une classe d’enzymes « effaceurs » afin de rétablir leur fonction saine initiale. Les travaux des chercheurs s’appuient sur une étude préliminaire approfondie dans laquelle ils ont testé plus de 4 milliards de molécules grâce auxquelles ils ont identifié les médicaments candidats les plus prometteurs sur lesquels se concentrer.
« Tout comme chez deux Canadiens sur cinq, le cancer a eu un impact sur ma vie. C’est pourquoi, dès mon plus jeune âge, j’ai cherché à poursuivre un cheminement de carrière qui me permettrait d’acquérir les compétences nécessaires pour avoir un impact sur la recherche sur le cancer. Le lien entre l’épitranscritomique et le cancer n’a été établi qu’il y a quelques années seulement, mais le domaine a explosé en raison de ce nouveau paradigme sur la façon dont les gènes liés au cancer peuvent être régulés. L’avenir de l’épitranscriptomique du cancer sera certainement passionnant. »